La France a vu jeudi son taux d’emprunt à 10 ans chuter au plus bas de son histoire sous le seuil symbolique de 1%, les investisseurs nourrissant l’espoir de voir la BCE renforcer son soutien à l’économie européenne chancelante.
La dette française fait partie des plus sûres en zone euro, avec notamment le Bund allemand, qui sert de valeur de référence à l’ensemble du marché obligataire.
Le recul des taux d’emprunt, déjà à des niveaux très bas, s’est encore accentué sous l’effet d’un discours prononcé par le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi vendredi et une inflation allemande au plus bas, nourissant les craintes d’une déflation en zone euro.
« Nous sommes prêts à recalibrer l’ampleur, le rythme et la composition de nos achats (d’actifs) si nécessaire » et ce « sans délai indu », avait alors déclaré M. Draghi lors d’un congrès bancaire à Francfort.
Des déclarations dans le même sens du vice-président de l’institution monétaire mercredi ont alimenté le mouvement. Ces rachats d’actifs ont pour but d’alimenter le système financier en liquidité pour tenter de relancer la croissance et combattre une inflation trop faible.
Depuis, les opérateurs nourrissent l’espoir de voir l’institution de Francfort aller encore plus loin dans son soutien à l’économie en zone euro, notamment en rachetant de la dette souveraine sur le marché secondaire où s’échange la dette déjà émise.
Les mouvements récents traduisent « la perspective grandissante » d’un élargissement du programme de rachats d’actifs de la BCE à la dette souveraine, confirment dans une note les économistes de BNP Paribas.
« Le marché se positionne même progressivement pour une annonce la semaine prochaine », à l’occasion de la réunion de l’institution monétaire du jeudi 4 décembre, font-ils remarquer.
Les investisseurs achètent de la dette en masse, partant du principe que la BCE fera office d’acheteur en dernier ressort, leur assurant un débouché pour les titres qu’ils auront accumulé.
« Toute la question est de savoir si la BCE commence un +quantitative easing+ (rachat de dette souveraine, NDLR), s’il est jugé crédible, pendant combien de temps et sur quelle maturité », indique Frédérik Ducrozet, un économiste de Crédit Agricole-CIB.
– Inflation au plus bas –
La BCE a multiplié les initiatives de soutien à l’économie ces derniers mois, mais les indicateurs provenant de la zone euro continuent d’être mitigés, alors que plusieurs observateurs estiment que la BCE ne pourra pas à elle seule sortir la zone euro de l’ornière, et que les gouvernements doivent agir, par des réformes structurelles ou des politiques de relance.
En Allemagne, l’inflation a reculé à 0,6% sur un an en novembre, son plus bas niveau depuis cinq ans. En Espagne, elle a reculé de 0,5% en novembre sur un an.
« La question reste de savoir comment va ressortir le chiffre d’inflation en zone euro demain après ces chiffres peu reluisants », relève M. Ducrozet.
Par ailleurs, la confiance des ménages allemands dans l’économie du pays s’érode, même si dans son ensemble le baromètre GFK inscrit un petit plus en novembre.
Peu avant 16H00 (15H00 GMT), le rendement à 10 ans de la France s’inscrivait à 1,006% après être tombé à 0,996% en séance, dans un mouvement de recul des taux généralisé sur le marché secondaire. La veille, il avait terminé à 1,051%.
Côté allemand, le taux continuait également son mouvement de détente, s’inscrivant à 0,708% après avoir atteint 0,700%. La veille, il avait terminé la séance à 0,735%.
Sur le marché de la dette, les taux évoluent en sens inverse de la demande, c’est-à-dire que plus les dettes sont recherchées, plus leur taux baisse, offrant ainsi aux États des conditions de financement de plus en plus attractives.
Les investisseurs acceptent pour leur part une rémunération moindre en échange de la sécurité de leur placement.