04 - 12 - 2016

Inflation, taux : les risques qui pèsent sur la croissance. Source : lesechos.fr

La remontée de l’inflation et des taux d’intérêt change la donne.
Mais si les créations d’emplois continuent, la consommation devrait résister.

Jusqu’ici, tout va bien. La France a profité ces deux dernières années d’un « alignement des planètes », selon l’expression de François Hollande. Toutefois, il semble désormais que les planètes soient de moins en moins alignées. Le prix du pétrole a amorcé une nouvelle remontée dans la foulée de l’accord trouvé entre les pays de l’Opep. Alors que le gouvernement français a bâti son budget 2017 sur une hypothèse d’un baril à 45 dollars, il valait 52 dollars jeudi.

Autre mouvement peu favorable à court terme, les taux d’intérêt augmentent de part et d’autre de l’Atlantique depuis l’élection de Donald Trump. Les taux des emprunts français à 10 ans ont pris 30 points de base depuis début novembre. Et le risque politique est de retour avec le référendum en Italie ce week-end. Faut-il en déduire que les nuages ont fait leur apparition dans le ciel français ?

Actuellement, le consensus des économistes est plutôt pessimiste puisqu’il table sur une croissance de seulement 1,2 % l’an prochain. Certains le sont plus que d’autres.

« Le retour de l’inflation aura des conséquences négatives sur la croissance dans la plupart des économies », préviennent les économistes de Natixis dans une étude. Ils s’attendent «  à ce que la consommation des ménages ralentisse d’un bon demi-point l’année prochaine dans le G7. Les postes de dépenses qui touchent à l’équipement des ménages et aux énergies domestiques seront les plus affectés par cette perte de pouvoir d’achat. Du côté de l’offre, la hausse du baril érodera le profit des entreprises à production énergivore, telles que la métallurgie, la chimie, les transports aériens », ajoutent-ils.

ll paraît toutefois un peu tôt pour crier à la fin du cycle économique. D’abord, l’euro affiche, lui, une baisse de l’ordre de 5 % en trois semaines face au dollar, ce qui va donner un petit coup de pouce aux exportateurs. Ensuite, « la reprise en France s’accompagne depuis plusieurs trimestres de fortes créations d’emplois, note Jean-Baptiste Pethe, économiste chez Exane BNP Paribas. Or, historiquement, dans la deuxième partie d’une phase d’expansion, comme entre 1998 et 2000 ou entre 2005 et 2007, l’économie française a tendance à créer plus d’emplois que ses voisines européennes. »

Période électorale : les entreprises attentistes

Quant à la remontée de l’inflation, elle ne va peut-être pas tant peser sur l’activité. « L’essentiel de la baisse des prix du pétrole est derrière nous et son effet s’estompe donc, ce qui fait mécaniquement remonter l’inflation, explique Dorian Roucher, chef de la division de la synthèse conjoncturelle à l’Insee. Le coup de pouce aux ménages lié à la désinflation est passé. La remontée des prix va rogner un peu de pouvoir d’achat en 2017. » Mais ce retour d’une inflation, qui restera modérée – aux alentours de 1 % l’an prochain – « peut être compensé par les créations d’emplois. Et si le chômage baisse, alors les ménages seront enclins à réduire leur effort d’épargne pour financer des achats », veut croire Jean-Baptiste Pethe qui table, lui, sur une croissance de 1,5 % en 2017.

D’ailleurs, « l’an prochain, la croissance sera davantage portée par les ménages qui vont accélérer leurs investissements en logement », estime Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes. Pour lui, la consommation restera le moteur de la reprise sauf si la TVA augmente de 2 points, comme le propose François Fillon. En revanche, « en période électorale, les entreprises risquent de se montrer attentistes et de retarder les investissements avant d’y voir plus clair sur la fiscalité ».