La Banque centrale européenne (BCE) a relevé jeudi ses taux d’intérêt pour la première fois en 11 ans afin de juguler une inflation record, emboîtant ainsi le pas à des dizaines d’instituts d’émission alors même que l’économie de la zone euro subit les conséquences de la guerre en Ukraine.

La BCE a mis fin à l’ère des taux négatifs en relevant son taux de dépôt de 50 points de base, le ramenant à zéro, alors qu’elle avait annoncé à l’issue de sa réunion de juin qu’elle procéderait à une hausse de taux de 25 points de base seulement.

Le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement ainsi que celui de la facilité de prêt marginal sont également relevés d’un demi-point, à 0,5% et 0,75% respectivement.

« Une nouvelle normalisation des taux d’intérêt sera appropriée », a déclaré la BCE dans un communiqué, ajoutant que la sortie des taux négatifs « permet au Conseil des gouverneurs d’effectuer une transition vers une approche réunion par réunion sur les taux ». Des sources proches des débats au Conseil des gouverneurs avaient indiqué mardi à Reuters qu’une augmentation des taux d’un demi-point était envisagée face à la dégradation des perspectives d’inflation suggérée par de récents indicateurs.

L’inflation, déjà proche d’un taux à deux chiffres, risque désormais de s’ancrer au-delà de l’objectif de 2% fixé par la BCE et une pénurie de gaz cet hiver risque de pousser les prix encore plus haut.

La BCE a également accepté d’apporter une nouvelle aide aux pays les plus endettés de l’Union en approuvant un nouveau programme d’achat de titres (Transmission Protection Mechanism, TPM), destiné à limiter la hausse de leurs coûts d’emprunt et à limiter la fragmentation financière.

« L’ampleur des achats dans le cadre du TPI dépend de la gravité des risques auxquels est confrontée la transmission de la politique monétaire », a indiqué la banque. « Le TPI veillera à ce que l’orientation de la politique monétaire soit transmise de manière fluide dans tous les pays de la zone euro. »

Cet engagement intervient alors l’Italie fait face à une crise politique après la démission du président du Conseil, Mario Draghi.

Très surveillé, l’écart de rendement entre le dix ans italien et le Bund allemand de même échéance s’est creusé jusqu’à 247,70 points de base, un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis la mi-juin.

Comme anticipé les derniers taux court terme encore négatifs vont passer en territoire positif, pour l’instant l’OAT10 ans est à 1,65% en baisse de 15 pbs par rapport à la veille, restant également en-dessous de ses plus hauts mi-juin à 2,40%.