12 - 04 - 2019

La Caisse des dépôts veut intervenir là où « il y a des failles de marché » (Source : Lagazettedescommunes.com)

 

La Caisse des dépôts a présenté, jeudi 11 avril, ses résultats pour 2018, année marquée notamment par la création de la Banque des territoires. Les activités de prêts aux collectivités et aux bailleurs sociaux sont en recul, mais la CDC assure être présente « sur les thématiques sur lesquelles il y a des failles de marché ». Le tout sur fond de rapprochement avec La Poste, toujours en cours.

« 2018 a été une année de transformation pour la Caisse des dépôts », a résumé Eric Lombard, son directeur général, jeudi 11 avril, à l’occasion de la présentation des résultats du groupe. Sous l’impulsion de son nouveau DG, le groupe s’est en effet réorganisé en « cinq métiers », parmi lesquels la Banque des territoires, lancée en grande pompe en mai dernier et chargée de « fédérer les activités de la Caisse en matière de conseil et de financement ».

Cette nouvelle structure a « connu une année très rentable », avec un résultat agrégé de 1,02 Md€, a fait savoir Eric Lombard. La Banque des territoires dispose de « 68 Md€ d’encours moyens de dépôts bancaires (+3 Md€ en un an) », a signé « 12,8 Md€ de prêts (progression des encours à 188 Md€) », dont 11,7 Md€ pour le logement social (voir encadré), et a investi « 769 M€ en fonds propres et 17 M€ de crédits à l’ingénierie dans les projets de territoires ».

Le tout pour soutenir « des projets durables, connectés, inclusifs et attractifs », a souligné Eric Lombard, listant « quatre projets structurants » auxquels participe l’établissement : le Grand plan d’investissement (8 Md€ d’encours investis à fin 2018), le plan logement en faveur des bailleurs sociaux, le programme Action Cœur de ville (avec 10 M€ de crédits d’ingénierie engagés) et Territoires d’industrie, via lequel la CDC prévoit d’investir « 100 M€ en fonds propres ».

Nouvelles offres de prêts

Pour autant, les prêts aux collectivités ont accusé un repli en 2018, avec 1,1 Md€, contre 1,9 Md€ l’année précédente. « C’est un marché sur lequel nous étions intervenus après Dexia. Mais les banques commerciales sont revenues, et il n’y a plus de faille de marché sur ce secteur », a expliqué Eric Lombard pour justifier ce retrait, admettant que les conditions proposées par la CDC « ne sont pas très motivantes ». « Si besoin, on est prêts à revenir, mais nous n’avons pas vocation à faire concurrence aux banques commerciales », poursuit-il.

La CDC entend en revanche se positionner « sur les thématiques sur lesquelles il y a des failles de marché (financement de l’eau, ouvrages d’art) », a pour sa part développé Olivier Sichel, directeur de la Banque des territoires. Ainsi, sur le modèle de « l’aqua-prêt », qui vise à financer le renouvellement des infrastructures d’eau et d’assainissement, de nouvelles offres devraient être lancées « autour de la mobilité et d’autres thématiques », à l’occasion du « Printemps des territoires », le 6 juin prochain, a-t-il fait savoir. « Des prêts assis sur les fonds d’épargne, indexés sur le livret A +0,75, sur des durées très longues », précise-t-il, ajoutant que « c’est ce que nous demandent les collectivités locales ».

 

Rapprochement avec La Poste…

Une stratégie qui ne sera pas remise en cause par le regroupement de la Caisse avec La Poste, assurent les intervenants, défendant la complémentarité des produits proposés par la CDC et La Banque Postale.

Annoncée en août dernier, la construction de ce « premier pôle public financier » constitue l’un des principaux enjeux à venir pour la CDC. Pour rappel, il est prévu que la Caisse devienne actionnaire majoritaire de La Poste, et qu’en parallèle, elle apporte à La Banque Postale sa participation au sein de CNP Assurances.

 

Une opération « subordonnée à la promulgation de la loi Pacte [examinée en lecture définitive ce jeudi à l’Assemblée nationale], à la dénonciation du pacte d’actionnaires – qui doit avoir lieu avant juin- et à la conclusion d’un accord plus précis avec l’Etat », a détaillé Eric Lombard, évoquant des « chantiers complexes » mais qui « avancent à un rythme normal ». Une fois le projet précisé, une dérogation devra être demandée à l’Autorité des marchés financiers, et il faudra la validation « de beaucoup d’autorités ». Ainsi, « si tout se passe comme prévu », le rapprochement ne sera pas effectif « avant 2020 », selon le directeur général.

…et avec SFIL

Autre chantier en cours, le rapprochement avec SFIL, l’Etat ayant fait part de sa volonté d’en transférer le contrôle à la CDC. « On est en train de travailler, avec les équipes de SFIL et de l’Etat, pour procéder à une évaluation… Tout cela avance normalement, mais nous n’avons commencé que cette année », commente Eric Lombard.