05 - 07 - 2017

Dans un marché financièrement saturé, l’Agence France locale a toujours sa place (Source : lagazettedescommunes.com)

Des études parues en début d’année notent l’intervention de prêteurs toujours plus nombreux, rendant le marché du prêt aux collectivités très liquide. Dans ce contexte, comment justifier l’existence de ce nouvel acteur du financement qu’est l’Agence France locale ?

Le marché du prêt aux collectivités est devenu très liquide et cette hyperliquidité, largement due à l’intervention de la Banque centrale européenne depuis mars 2015, a le mérite de permettre enfin une réelle baisse des taux et des marges, qui se traduit, pour les collectivités, par un accès facilité et bonifié à la ressource financière.

Cependant, la baisse des taux, et surtout celle des marges, sont à considérer à l’aune des risques qu’elles présentent. D’une part, les banques pourraient voir leur intérêt pour les collectivités locales s’amenuiser en raison de la faible rentabilité de cette activité. Alors que l’Agence France locale (AFL), dont l’unique mandat consiste à prêter aux collectivités, ne risque naturellement pas, de son côté, de changer de cible au détriment du monde local.

D’autre part, le risque d’un retour de pratiques peu vertueuses par les banques pourrait réapparaître, avec toutes les conséquences qui peuvent en découler pour les collectivités locales. C’est une dérive que l’AFL s’est interdite, et qui rend sa présence sur ce marché encore plus pérenne.

 

Financements à très long terme

En outre, la nature des investissements locaux nécessite fréquemment l’octroi de crédits sur des durées longues, que les banques sont peu enclines à accorder. Au fur et à mesure de son développement, l’AFL sera, pour ce qui la concerne, progressivement capable de délivrer des financements à très long terme ; elle vient d’ailleurs d’octroyer son premier crédit à trente ans à la ville de Noyon [Oise], qui a déclaré que « sans l’AFL, le projet de reconstruction des écoles n’aurait pas pu se faire ». Ne considérant pas les collectivités comme un marché de complément, l’AFL peut ainsi se permettre d’être présente dans des projets de financement où les banques pourraient ne voir qu’un intérêt moindre.

Enfin, le marché obligataire utilisé directement par les collectivités locales est en recul, malgré son réel intérêt en termes de prix de la ressource. Ceci s’explique notamment par le coût et l’infrastructure nécessaire à une telle démarche. L’AFL, qui se finance pour des volumes significatifs sur ce marché, peut déjà en faire bénéficier avantageusement ses membres emprunteurs.

Ainsi, nous assistons à un marché en transformation, dans lequel la part des acteurs privés a vocation à se réduire progressivement au profit d’acteurs spécialisés, à l’instar des expériences qui prévalent dans les pays d’Europe du Nord depuis des décennies, voire depuis plus d’un siècle pour certaines. Dans ce contexte, l’existence d’un acteur tel que l’AFL, le seul à être intégralement dédié au financement des collectivités locales et formellement préservé de toute dérive vers les produits complexes, avec un accès déjà important au marché obligataire, apparaît comme incontournable, si ce n’est salutaire…