04 - 11 - 2014

Zone euro : Bruxelles abaisse ses prévisions de croissance et d’inflation. Source : lesechos.fr

La Commission européenne a abaissé mardi ses prévisions de croissance et d’inflation 2014 et 2015 pour la zone euro. Le chômage devrait demeurer au dessus des 11 %.

La Commission européenne a pris acte de la morosité ambiante et décidé ce mardi d’abaisser une nouvelle fois ses prévisions de croissance pour la zone euro. Désormais, la Commission européenne estime que la croissance ne sera que de 0,8% cette année et de 1,1% en 2015.

Des chiffres nettement moins bons que ceux espérés jusqu’à présent. Dans ses précédentes prévisions en effet, Bruxelles tablait sur une croissance de 1,2% cette année et de 1,7% en 2015. Pour 2016, la Commission européenne anticipe une accélération à 1,7%.

Pas de déflation, mais une inflation basse

Mais si la révision en baisse de la croissance ne constitue pas une réelle surprise, c’est bien évidemment sur le front des prix que les projections des experts étaient attendues. De toute évidence, si la Commission européenne écarte l’idée d’une entrée en déflation du vieux continent, elle estime que l’inflation restera basse et ne se redressera que très progressivement.

Selon ces nouvelles prévisions, l’inflation dans la zone euro ne devrait pas dépasser 0,5% cette année et 0,8% l’an prochain avant d’accélérer à 1,5% en 2016. Des chiffres nettement inférieurs à ceux annoncés au printemps (0,8% cette année et 1,2% en 2015) et qui dans tous les cas de figure restent en dessous de l’objectif de 2% de la Banque centrale européenne.

Dans ce contexte d’atonie généralisée de l’activité, le chômage devrait rester élevé et ne s’améliorera qu’à la marge. Il devrait s’établir à 11,6% cette année et 11,3% en 2015, à comparer aux 11,8% et 11,4% attendus respectivement il y a six mois.

Il devrait stagner en France, à 10,2% en 2016 après 10,4% cette année et l’an prochain, ainsi qu’en Italie, où il ne passerait que de 12,6% cette année à 12,4% dans deux ans.

La situation ne « s’améliore pas assez vite »

« La situation de l’économie et de l’emploi ne s’améliore pas assez vite », a commenté Jyrki Katainen, vice-président de la Commission européenne chargé de la croissance. « La Commission européenne utilisera tous les outils et ressources à sa disposition pour créer plus d’emplois et de croissance en Europe », a-t-il insisté, notamment sous la forme du plan d’investissement de 300 milliards d’euros sur trois ans promis par son président, Jean-Claude Juncker.

« Il n’y a pas de solution unique et simple pour résoudre les difficultés de l’économie européenne. Il nous faut ordonner notre action autour de trois axes: des politiques budgétaires crédibles, des réformes structurelles ambitieuses et l’investissement indispensable des secteurs public et privé », a renchéri le nouveau commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

Le couple franco-allemand en panne

La situation est contrastée selon les pays, mais la situation dans les trois principales économies de la zone euro n’incite pas à l’optimisme.

A commencer par la situation du couple franco-allemand. Le moteur allemand semble grippé, selon la Commission, qui a nettement revu à la baisse ses prévisions de croissance pour ce pays, à 1,3% cette année (contre 1,8% au printemps) et surtout 1,1% en 2015 (contre 2%). Dans le même temps la France avec une croissance de 0,3% cette année, 0,7% en 2015 puis 1,5% en 2016. Sans compter un déficit qui devrait s’aggraver, à 4,4% du PIB cette année, 4,5% l’an prochain et 4,7% en 2015

L’Italie reste en récession, la Grèce et l’Espagne vont mieux

L’Italie devrait rester en récession cette année pour la troisième année consécutive (-0,4%) alors que la Commission prévoyait encore une croissance de 0,6% au printemps, un niveau qui ne devrait être atteint qu’en 2015. Rome devrait aussi continuer à se débattre avec une dette publique énorme, qui devrait continuer de plafonner au-dessus des 130% du PIB.

Au rang des bonnes nouvelles, les pays qui ont bénéficié d’un programme d’aide semblent mieux tirer leur épingle du jeu. La Grèce devrait sortir de plusieurs années de récession cette année et sa croissance devrait atteindre 3,7% en 2016, tout comme l’Irlande.

L’Espagne, quatrième économie de la zone euro, qui a bénéficié d’un plan d’aide pour ses banques, devrait aussi faire mieux que ses grands voisins, avec une croissance passant de 1,2% cette année à 1,7% l’an prochain et 2,2% en 2016.