12 - 11 - 2015

Pour André Vallini, il faut réduire les dépenses de fonctionnement avant les investissements. Source : lagazettedescommunes.fr

A la veille du Congrès des maires, André Vallini, secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat, veut délivrer un message positif et contrer la « sinistrose systématique » qui entoure tous les débats autour des collectivités territoriales.

Les élus se disent inquiets de la mise en œuvre de la loi Notre. Que leur répondez-vous ?

La loi est claire : aux régions, le développement économique ; aux départements, la solidarité ; au bloc communal, les services publics de la vie quotidienne. C’est simple.

Certes, elle va changer les habitudes. Mais pourquoi  les collectivités territoriales devraient être les seules, dans le monde d’aujourd’hui, à ne pas évoluer ? La mondialisation nous oblige tous à nous remettre en cause, aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public. J’ajoute que depuis  les grandes lois de décentralisation de 81-82, le paysage administratif n’a en réalité jamais cessé d’évoluer pour répondre aux besoins de la population.

La commune nouvelle est-elle l’avenir des communes ?

Le mouvement des communes nouvelles est en plein essor et il ne s’arrêtera plus. Les élus locaux continuent de découvrir les avantages de la commune nouvelle, et notamment le fait de pouvoir peser davantage au sein des futures intercommunalités agrandies. Quant au  délai pour bénéficier du bonus financier fixé  au 31 décembre  prochain, on me demande sa prolongation lors de tous mes déplacements hebdomadaires dans toute la France. La réflexion est en cours.

La montée des communes nouvelles et le renforcement de l’intercommunalité constituent la réponse pour relancer l’investissement des collectivités ?

Le gouvernement est conscient de la baisse de l’investissement public local et de ses conséquences, notamment dans le secteur du BTP. Pour y faire face, des mesures ont été prises en 2015, et seront reconduites voire renforcées en 2016, comme l’augmentation  de la DETR ou l’éligibilité au FCTVA des dépenses d’entretien  des bâtiments communaux ou de la voirie.

D’autres mesures d’assouplissement comptables sont envisagées, comme l’allongement de la durée d’amortissement des subventions d’équipement versées par les communes. Et surtout, nous allons créer un fonds d’un milliard d’euros dédié à l’investissement, dont les 200 millions d’euros d’augmentation de la DETR, 300 millions destinés à favoriser l’investissement dans les bourgs centres et les petites villes, et 500 millions d’euros destinés à financer au niveau local  des grandes priorités nationales comme la transition énergétique ou le logement.

Lire : Investissement : le fonds d’un milliard d’euros en 5 points-clés

Ces mesures suffiront-elles ?

Nous l’espérons bien évidemment. D’autant que  les élus, avant de songer à réduire leurs investissements, font des efforts sur la réduction de leurs dépenses de fonctionnement, notamment  grâce à la mutualisation des services.  J’ajoute que depuis une trentaine d’années, les collectivités ont énormément  investi pour équiper les territoires et que même s’il faudra continuer à accompagner l’augmentation de la population, les investissements devront être davantage étalés.

La baisse des dotations est sans doute la préoccupation majeure des élus…

Les élus sont responsables et ils savent que le gouvernement a une trajectoire en matière de finances publiques et qu’il s’y tiendra. En outre, les élus comprennent que les collectivités territoriales doivent, elles aussi, faire des efforts de rationalisation de la dépense publique, y compris en matière d’effectifs. Cinq à six milliards d’euros pourraient être économisés sur cinq ans si on parvenait  à seulement stabiliser les effectifs de la fonction publique territoriale à leur niveau actuel.

Au-delà de ces problèmes financiers,  je veux délivrer un message positif car j’en ai assez de la sinistrose qui entoure les débats sur les collectivités territoriales. Je rencontre en effet, chaque semaine dans les départements les plus ruraux et parfois les plus défavorisés, des élus courageux et créatifs, qui prennent les problèmes à bras-le corps. Et quand les élus sont combatifs, les agents le sont aussi !

Mais est-ce un discours que les agents publics peuvent encore entendre ?

Oui bien sûr car, hors transferts de compétences, la Cour des comptes a montré que leurs effectifs n’ont pas cessé d’augmenter.

A la décharge des élus, ils ont été amenés à créer des services et des équipements nouveaux pour répondre à la demande des citoyens : écoles, collèges, lycées, gymnases, piscines, stades, crèches et haltes garderies, écoles de musique et médiathèques, déchetteries et tri sélectif etc… Pour les faire fonctionner et les entretenir, il faut des agents !

Quelles sont les solutions pour faire autant avec moins ?

Il faut mutualiser aussi bien les dépenses de fonctionnement que la construction des équipements et jouer  à fond la carte de l’intercommunalité, sans oublier la  pédagogie auprès des citoyens. Car  la France est probablement l’un des pays du monde qui offre à la population le plus de services publics et d’équipements de grande qualité.  Et les Français doivent le savoir.