ZURICH (Reuters) – La Banque nationale suisse (BNS) a maintenu jeudi, comme attendu, sa politique monétaire destinée à prévenir une trop forte appréciation du franc suisse dans un contexte d’incertitude politique persistante en Europe.
Dans son examen trimestriel de la situation économique et monétaire, la BNS souligne que les perspectives de l’économie mondiale restent entachées de « risques considérables ».
« Les incertitudes politiques en rapport avec l’orientation que prendra la politique économique aux Etats-Unis, les élections qui se tiendront en Europe et les négociations complexes concernant la sortie du Royaume-Uni de l’UE (Union européenne) sont actuellement au centre des préoccupations », prévient la BNS dans un communiqué.
Elle a maintenu la marge de fluctuation du taux Libor à trois mois demeure comprise entre −1,25% et −0,25%, conformément au consensus des prévisions des économistes interrogés par Reuters.
Le taux d’intérêt appliqué aux avoirs à vue détenus à la BNS reste quant à lui fixé à −0,75%.
« Le franc reste nettement surévalué », note la banque centrale dans un communiqué, ajoutant que « le taux d’intérêt négatif et la disposition de la Banque nationale à intervenir sur le marché des changes visent à rendre les placements en francs moins attrayants et, partant, à réduire les pressions à la hausse sur le franc. »
La BNS a relevé sa prévision d’inflation pour l’année en cours à 0,3% contre 0,1% précédemment tandis que la croissance devrait s’établir à 1,5%.
La prévision de hausse des prix pour l’année prochaine a été abaissée à +0,4% contre +0,5% précédemment. Elle est de +1,1% pour l’année 2019.
La BNS a accentué ses efforts pour prévenir l’appréciation du franc suisse qui a bénéficié de son statut de valeur refuge dans un environnement de regain des inquiétudes sur un possible éclatement de la zone euro avec la montée du populisme et des partis eurosceptiques, voire hostiles à la monnaie unique européenne, dans plusieurs pays de la zone euro.
En France, la candidate du Front national Marine Le Pen, qui s’est engagé à organiser un référendum sur une sortie de l’euro en cas de victoire à l’élection présidentielle, est en tête des intentions de vote pour le premier tour mais serait battue au second quel que soit son adversaire.
Aux Pays-Bas, la victoire de la droite du Premier ministre Mark Rutte, qui a nettement devancé l’extrême droite de Geert Wilders lors des élections législatives de mercredi, a rassuré dans les capitales européennes.
Mais il serait prématuré de considérer qu’elle annonce un reflux de la vague populiste, soulignent des économistes.
« L’impact de l’élection hollandaise sur la parité de EUR/CHF a été très limité et de très courte durée », a dit Maxime Botteron, un économiste de Credit suisse. « De ce point de vue, cela n’a pas vraiment contribué à réduire la pression sur le franc suisse. »
Le franc suisse s’est brièvement affaibli jeudi en début de matinée pour s’échanger jusqu’à 1,0727 par euro, une fois connus les résultats du scrutin hollandais avant de repartir à la hausse. Vers 09h45 GMT, il s’échange à 1,0704 par euro.
La hausse de taux annoncée mercredi par la Réserve fédérale américaine ne devrait pas non plus affaiblir le franc, a estimé Ursina Kubli, stratégiste chez J. Safra Sarasin.
« La forte demande pour le franc suisse devrait continuer dans les prochaines semaines alors que les élections françaises devraient soutenir les flux vers les valeurs refuges », a-t-elle dit.