11 - 03 - 2015

Le gouvernement met les hôpitaux et les cliniques à la diète. Source : lesechos.fr

Les tarifs baissent cette année de 1 % dans le public et de 2,5 % dans le privé, qui promet de riposter.

Ce sera une année de vaches maigres pour les établissements hospitaliers. Les tarifs administrés des actes que les hôpitaux et les cliniques facturent à la Sécurité sociale, révisés tous les ans, leur ont été annoncés ce mardi avec dix jours de retard sur l’agenda. Et cela fait mal. Ils baissent de 1 % pour les actes pratiqués à l’hôpital et de 2,5 % pour ceux en clinique. L’année dernière, les prix étaient restés stables dans le public et avaient légèrement reculé dans le privé (-0,24 %).

« Nous n’avons pas de quoi sauter de joie, cela représente un effort supplémentaire mais c’est logique dans la mesure où nous devons faire des économies », a réagi Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France. La dernière baisse dans le public remonte à 2013. A l’époque, les hôpitaux avaient été scandalisés de voir leurs tarifs baisser plus vite que ceux du privé (-0,84 % contre -0,21 %), sous un gouvernement de gauche pourtant réputé plus sensible à leur sort.

Cette fois, ils n’élèvent pas trop la voix car les cliniques sont plus durement frappées qu’eux. De plus, le gouvernement vient de débloquer 300 millions d’euros pour aider ceux d’entre eux endettés en franc suisse et victimes de l’envolée de la divise helvétique. Et l’enveloppe des missions d’intérêt général (urgences, enseignement, etc.) fléchée à 99 % vers les établissements publics a discrètement augmenté en 2015, passant de 6,1 à 6,3 milliards d’euros.

Trouver des économies

Les cliniques doivent en fait rendre, sous forme de baisse de tarif, les avantages récemment accordés aux entreprises privées, afin de ne pas être avantagées par rapport aux hôpitaux. Elles savaient déjà qu’elles seraient privées de l’intégralité du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) cette année, soit 125 millions. Elles ont appris ce mardi qu’elles ne verront pas non plus la couleur des allégements de charges en vigueur depuis janvier dans le cadre du pacte de responsabilité (83 millions pour elles). Dans le décompte de la baisse de 2,5 % des tarifs s’ajoute également une part de réduction de coûts pure et simple, comme pour le public.

Ces tarifs en baisse ne signifient pas forcément que le chiffre d’affaires va diminuer, puisque l’activité, elle, continue à se développer, en raison du vieillissement et de la multiplication des pathologies chroniques. Il n’en faudra pas moins trouver des économies. A l’hôpital, on s’attend déjà à devoir supprimer 22.000 emplois en trois ans . C’est du moins la traduction en équivalents temps plein des objectifs financiers d’économies inscrits dans un document administratif présenté aux hospitaliers il y a quelques jours. « Ne soyons pas hypocrites, quand l’emploi pèse 70 % de votre masse salariale, et que vous n’avez pas le droit de réduire le nombre de lits ni de toucher à la qualité des soins, c’est la variable d’ajustement », reconnaît Frédéric Valletoux, alors que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, assure qu’il n’est « pas question de baisser les effectifs. »

De leur côté, les cliniques trouvent la pente très raide alors qu’un tiers d’entre elles sont déjà déficitaires. La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) doit réunir un comité exécutif de crise mais promet une réaction. Dans ses rangs, on évoque « une volonté délibérée » de frapper les cliniques, « à l’approche des élections ». L’année dernière, pour protester contre la récupération d’une partie du Cice, la FHP avait lancé un mouvement de grève de l’accueil des stagiaires infirmiers dans ses établissements. Elle a d’ores et déjà annoncé qu’elle soutiendrait la manifestation de dimanche contre le projet de loi Santé, mais d’autres mesures de rétorsion devraient suivre.