07 - 04 - 2015

Le Panel poursuit ses révisions à la baisse sur les taux longs. Source : agefi.fr

Les gérants anticipent en moyenne des taux 10 ans en euros à 0,30% à 3 mois, ce qui marquerait une légère remontée par rapport au niveau actuel du Bund.

Le Panel Agefi a du mal à tenir le rythme des baisses de taux. Les économistes et gérants ont une nouvelle fois revu fortement à la baisse leurs prévisions de taux à 10 ans en zone euro (Bund), qu’ils voient désormais à 0,30% dans 3 mois, contre 0,43% le mois précédent. Ils anticipent ensuite une légère remontée à horizon 6 mois, à 0,44%, à un niveau de 10 points de base inférieur à ce qu’ils attendaient le mois dernier.

Ces prévisions s’accompagnent d’une révision en baisse du taux de change euro/dollar, qui tomberait à 1,06 fin juin puis à 1,04 fin septembre, niveau touché mi-mars avant de rebondir vers 1,08.

Les prévisions des panélistes signifient donc que les taux longs en zone euro devraient légèrement remonter par rapport à aujourd’hui. Le lancement le 9 mars du programme d’assouplissement quantitatif de la BCE a entraîné le plongeon du rendement du Bund 10 ans sous la barre de 0,20%. L’OAT 10 ans traite sous 0,50%. Jusqu’à la maturité 7 ans, les emprunts d’Etat allemands affichent aujourd’hui des rendements négatifs.

Les Trésors en zone euro profitent de l’aubaine. Ils ont émis 292 milliards d’euros au premier trimestre, selon un pointage de RBS, et sont largement en avance sur leurs programmes d’émissions de dette à moyen long terme pour 2015. «Tous les pays ont anticipé le chargement de leur programme au premier trimestre, à l’exception de l’Autriche. Le mouvement a été particulièrement prononcé en Italie et en Espagne par rapport aux années précédentes», notent les stratégistes taux de RBS.

Madrid a ainsi levé à fin mars, en montants bruts, 35% de ses besoins de l’année. Le chiffre est de 32% pour l’Italie. Mais les pays du coeur de la zone euro ne sont pas en reste, avec un programme réalisé déjà à 34% pour la France et à 30% pour l’Allemagne. La Finanzagentur, l’agence de la dette allemande, a encore réussi le 1er avril à emprunter 3,39 milliards d’euros à 5 ans à un rendement négatif de -0,10%, une prouesse déjà réalisée fin février. Les émetteurs souverains, Italie en tête, en profitent aussi pour rallonger leurs échéances. La maturité moyenne des emprunts effectués au premier trimestre atteint 9,2 ans.

La publication, le 2 avril, des minutes de la réunion du 5 mars de la BCE, ne laisse pas attendre d’inflexion. Alors que certains observateurs commençaient à s’interroger sur un arrêt du QE avant septembre 2016, la détermination de la banque centrale ne fait aucun doute. «Le Conseil des gouverneurs a vu les projections du staff sur la croissance et l’inflation comme trop optimistes, rappelle Paul Mortimer-Lee, économiste chez BNP Paribas.Ces risques baissiers sur les prévisions renforcent l’idée que les rachats seront poursuivis tout du long, ce qui nous paraît vital pour préserver la crédibilité du programme».