C’est d’abord un projet managérial, un changement stratégique avec une vision plus horizontale, orientée « produit et pilotage de projet ». Nous avions un ensemble de directions en appui du territoire et du logement social. Mais la coordination entre ces différentes directions était insuffisante, nous faisions séparément nos métiers de banque, de conseil aux collectivités, de financement du logement social et d’investissement.
Nous nous réorganisons donc, et réunissons, sous une autorité unique – celle d’Olivier Sichel, directeur général adjoint de la CDC – plusieurs filiales et métiers de la Caisse (la Scet, la direction des investissements et du développement local, la direction des fonds d’épargne, la direction des clients bancaires et CDC Habitat).
Il était temps d’amplifier l’action de notre réseau d’une trentaine d’implantations. La Caisse est un établissement financier. Or, dans les établissements financiers modernes, les clients n’ont qu’un seul interlocuteur. Nous sommes bien dans une logique de guichet unique, orienté « clients » pour mieux servir les territoires, sur la base des outils existants de la Caisse et d’un site internet dédié. Il faut prendre le mot « banque » dans le sens pédagogique, nous faisons du conseil en amont, de l’investissement en capital et du financement, qui sont des produits bancaires.
Pas question pour autant de fermer des agences territoriales. La maison est inchangée, mais nous lançons une transformation managériale.
Nous avons avec les collectivités une relation financière particulière. Les banques privées reviennent activement dans un marché qu’elles avaient délaissé et sur lequel nous sommes un temps devenu prêteur en dernier ressort pour beaucoup de collectivités. Il y a dix ans, on avait besoin de nous pour financer les collectivités locales. Mais les banques sont revenues, les conditions d’emprunt sont à nouveau normales et nous nous retirons donc pour nous concentrer sur les prêts à long et très long terme pour les collectivités. Nous n’avons pas vocation à concurrencer, avec les fonds du livret A, les banques sur un segment qui fonctionne.
Pour le financement à court et moyen termes, les collectivités ont intérêt à aller vers le marché privé. Mais la BCE va peu à peu réduire son opération de quantitative easing. Les taux devraient donc remonter. D’ici à plus de 15 ans, ce qu’on propose est plus intéressant pour les collectivités. Elles ont donc intérêt à garder la Caisse comme partenaire pour le pilotage de leurs finances et de leurs dettes à long terme…
Il y a eu une hausse vigoureuse du financement du logement social, domaine sur lequel nous avons 80 % de parts de marché. Depuis dix ans, on a eu un doublement des volumes des prêts, pour atteindre 15 Md€ en 2017. Avec le plan dévoilé au printemps, on souhaite ajouter 9 Md€ en financements nouveaux, et 1 Md€ en capital. Nous allons également rallonger 16 Md€ de dettes de 5 à 10 ans. En outre, le maintien du taux du livret A à 0,75 % permet aux bailleurs sociaux 800 M€, ce qui vient contrebalancer – en partie et en trésorerie – la mise en place de la réduction du loyer de solidarité (RLS).
Cette mesure ainsi que la réorganisation du tissu des organismes suscitent des craintes chez les acteurs du secteur, qui s’inquiètent notamment de voir les activités de construction et de rénovation reculer. La Caisse se mobilise pour éviter que ce recul se manifeste.
Par ailleurs, je souhaite qu’on ouvre, sur le modèle de celle destinée à la rénovation thermique des bâtiments publics et des HLM, de nouvelles enveloppes, notamment sur les sujets « eau » et tout ce qui concerne la transition écologique.