06 - 03 - 2015

La BCE anticipe une croissance solide et durable dans la zone euro. Source : lesechos.fr

Le « QE » aura des effets massifs.

Une croissance de 1,5 % prévue en 2015, 1,9 % en 2016.

La Banque centrale européenne affiche une pleine confiance alors qu’elle s’apprête à inonder les marchés avec ses rachats d’actifs publics et privés. Mario Draghi, le président de l’institution, est persuadé que le programme décidé en janvier, le fameux « QE », dont le top départ sera donné lundi prochain, va soutenir la croissance et porter l’inflation à un niveau proche de 2 % sur le moyen terme, soit la définition de la stabilité des prix. « Dans un contexte d’amélioration du moral chez les milieux d’affaires et les consommateurs, la transmission de nos mesures sur l’économie réelle va se renforcer, contribuant à améliorer ultérieurement la prévision de croissance économique et à réduire les surcapacités dans l’économie », a déclaré le président de la BCE, hier, au sortir de la réunion du Conseil des gouverneurs tenue à Chypre.

Un effet positif

Confirmation a été donnée que la BCE allait engager pas moins de 1.140 milliards d’euros de rachats de dette publique et privée d’ici à septembre 2016, au rythme de 60 milliards par mois. Des achats voués à se poursuivre au-delà de septembre 2016, du moins tant que l’inflation ne sera pas ancrée de nouveau au niveau requis. La BCE pourrait commencer à discuter d’une normalisation de son taux d’intérêt peu après cette date, alors qu’elle a maintenu hier son principal taux directeur à 0,05 %. C’est la perspective d’une poursuite du programme d’assouplissement quantitatif au-delà de la date indiquée qui a fait perdre les gains enregistrés par la devise européenne au début de l’intervention du président de la Banque centrale. Jusque-là, les révisions à la hausse des prévisions de croissance avaient plutôt consolidé l’euro, qui, au final a de nouveau plongé : la monnaie unique européenne est tombée en dessous de 1,10 dollar, un nouveau plus bas depuis début septembre 2003 (lire ci-contre).

L’optimisme affiché par la BCE se traduit dans ses projections économiques sensiblement relevées pour la période de 2015 à 2017. La progression du PIB doit se hisser progressivement de 0,9 % en 2014, à 1,5 % cette année, quand 1 % était prévu en décembre. Puis la croissance atteindrait 1,9 % en 2016 et 2,1 % en 2017, du jamais vu depuis 2007. La BCE tablant sur un relèvement des prix du pétrole, le coup de pouce sur la croissance doit donc être d’abord attribué à l’efficacité du QE. Celui-ci aura un effet positif sur la demande domestique, en termes de consommation et d’investissements, selon la BCE.

Un réchauffement des prix

S’agissant de l’inflation, elle doit osciller autour de 0 % cette année, reflétant largement les prix déprimés dans l’énergie, avant de se redresser à 1,5 % l’an prochain et à 1,8 % en 2017, toujours grâce à l’effet du QE, Celui-ci va continuer à faire baisser l’euro, conduisant à importer de l’inflation, et la résorption des surcapacités dans l’économie doit amener un réchauffement des prix. Comme les prix du pétrole seront revenus à un étiage plus normal, l’écart existant aujourd’hui entre l’inflation globale et celle excluant les prix de l’énergie aura disparu en 2017, estime la BCE. A noter aussi que ses dernières projections ont fait jouer des facteurs à ce jour tenus à l’écart, comme les réallocations de portefeuille, quand les banques, recevant des liquidités de la BCE en échange d’actifs cédés, vont les réallouer ailleurs. Egalement, il est tenu compte des changements sur les anticipations d’inflation. Ici, le déclin observé depuis juillet 2014 a été stabilisé, a précisé Mario Draghi, qui a fait état d’« effets positifs significatifs » depuis les annonces spectaculaires du 22 janvier.

Si des analystes partagent cet optimiste, à l’instar de ceux de Citi (lire page 7), d’autres le jugent « inapproprié », à l’instar de Michael Schubert, de Commerzbank. Les projections affichées vont « bien au-delà du consensus », souligne aussi Christian Schulz, de Berenberg Bank. La BCE pourrait être contrainte à grossir le programme de rachats d’actifs, si ses ambitions ne devaient pas être satisfaites.