La BCE a maintenu le taux de refinancement à 0,25%, le taux de prêt marginal à 0,75% et le taux de dépôt à 0,0%, espérant que la reprise de la zone euro s’affirmera sans le coup de pouce d’une baisse des taux.
Le président de la BCE Mario Draghi a dit qu’il s’attendait, comme les autres membres du Conseil des gouverneurs de l’institution monétaire, à une période prolongée de faible inflation.
Il a ajouté que si elle devait durer trop longtemps, la BCE agirait, infléchissant nettement la tonalité de son discours du mois dernier où il avait semblé moins enclin à prendre rapidement des mesures pour lutter contre la faiblesse persistante de l’inflation.
« Nous examinerons les évolutions très attentivement et nous étudierons tous les instruments dont nous disposons », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qui suit traditionnellement la réunion mensuelle du Conseil des gouverneurs consacrée à la politique monétaire.
« Nous sommes fermes dans notre détermination à maintenir un degré élevé d’accommodation monétaire et à agir rapidement si nécessaire », a-t-il ajouté.
Mario Draghi a insisté sur le fait que le Conseil des gouverneurs avait été unanime sur son engagement à utiliser tous les instruments, y compris les instruments non conventionnels comme l’assouplissement quantitatif, dans le respect du mandat de l’institut d’émission, afin de faire face efficacement aux risques d’une période trop prolongée d’inflation basse.
Il a souligné que l’assouplissement quantitatif avait été débattu par le Conseil des gouverneurs.
L’euro, qui avait peu réagi au maintien des taux directeurs en l’état, a nettement reculé après ces déclarations, passant momentanément sous 1,37 dollar.
L’inflation au sein de la zone euro est tombée à 0,5% en rythme annuel au mois de mars, au plus bas depuis novembre 2009, en partie sous l’effet du recul des prix de l’énergie et de l’alimentation, recul que la BCE juge temporaire.
Mario Draghi a dit que le risque de déflation restait limité et a estimé que les derniers chiffres sur l’évolution des prix étaient difficiles à interpréter en partie du fait de fêtes de Pâques qui tombent en avril cette année et non en mars comme l’année dernière. Les fêtes de Pâques s’accompagnent habituellement de tensions sur les prix dans certains secteurs comme les voyages et l’hôtellerie.
« Nous avons besoin de plus d’informations pour évaluer s’il y a eu un changement dans les perspectives (d’inflation) à moyen terme », a-t-il dit.
Plusieurs responsables de la politique monétaire de la zone euro ont évoqué au cours des dernières semaines de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire comme le passage du taux de la facilité de dépôt en territoire négatif, qui reviendrait à taxer les banques sur les liquidités excédentaires qu’elles laissent dans les livres de la BCE, ou encore des achats d’actifs à l’instar de ceux réalisés aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou au Japon.
Même le président de la Bundesbank Jens Weidmann, traditionnel gardien de l’orthodoxie monétaire, n’a pas exclu le recours à l’assouplissement quantitatif.
La vigueur de l’euro, qui accroît les pressions déflationnistes en pesant sur les prix à l’importation, peut justifier l’inflexion dans le discours de la BCE.
Mario Draghi a certes redit que le taux de change ne figurait pas dans les objectifs de politique monétaire de la BCE mais il a ajouté qu’il constituait un facteur de plus en plus important dans son évaluation de la stabilité des prix.
« Les répercussions potentielles à la fois des risques géopolitiques et des évolutions du taux de change seront étroitement surveillées », a-t-il déclaré.
La BCE est soumise à des pressions grandissantes, notamment de la part du Fonds monétaire international (FMI), afin qu’elle agisse pour contrer la faiblesse persistante des prix.
La directrice générale du FMI Christine Lagarde a estimé mercredi que la BCE devait encore assouplir sa politique monétaire pour combattre le risque d’une inflation faible susceptible d’affecter la production et les dépenses de consommation de la zone euro.
« Plus d’assouplissement monétaire, y compris par le biais de mesures non conventionnelles, s’impose dans la zone euro », déclarait-elle, dans un discours qui définit les recommandations du FMI avant sa réunion de printemps la semaine prochaine.