Comment évoluera l’économie suisse en 2017? Raiffeisen a fait part de ses prévisions ce mercredi à Zurich.
Et l’heure n’est toujours pas aux réjouissances, prévient la troisième banque suisse, pour qui la vigilance reste de mise.
Pour l’an prochain, Raiffeisen table sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 1,3%. Une projection identique à celle émise en novembre par UBS, et en deçà des 1,5% attendus par Credit Suisse. «Contrairement à d’autres, nous estimons que l’impact de l’abandon du taux plancher est loin d’être surmonté», selon Martin Neff. Le chef économiste de Raiffeisen n’entrevoit toujours pas à moyen terme une détente durable deux ans après le choc de janvier 2015. Cette année, la vigueur du franc restera le défi principal pour l’économie helvétique.
L’importance de la pharma
A première vue, les indicateurs permettent un certain optimisme, analyse Martin Neff, en évoquant la croissance du PIB, une balance commerciale excédentaire et un marché du travail stable. En y regardant de plus près, il arrive à la conclusion que la Suisse est encore loin d’une reprise économique à grande échelle. S’il y a eu croissance, elle n’a pas amené la création d’emplois, ou alors uniquement dans le domaine de la santé et les services sociaux. Quant à la hausse des exportations de plus de 4%, elle est due exclusivement au secteur pharmaceutique et chimique. «Toutes les autres branches exportatrices restent sous le coup du franc fort. Sans la pharma, la Suisse présenterait un déficit commercial.»
Martin Neff dit notamment son pessimisme pour l’industrie et table sur quelque 10 000 pertes d’emplois en 2017. Par contre, l’hôtellerie-restauration et l’industrie des machines peuvent espérer un regain de forme. Une analyse partagée pour le second secteur par Credit Suisse dans son Manuel des branches publié avant-hier. Ses économistes estiment en outre que la technologie médicale a toutes les chances de profiter de la vigueur de la demande mondiale de produits de santé.
Trump et les incertitudes
L’accélération de la croissance mondiale, principalement en Europe, et l’absence de toute turbulence sur les marchés financiers seront par ailleurs indispensables pour permettre une reprise durable, souligne Raiffeisen. Or, un certain nombre d’incertitudes menacent sur le front géopolitique.
En France et en Allemagne, le renforcement potentiel de partis populistes pourrait accroître la pression sur la valeur refuge helvétique. Et Martin Neff dit ses craintes face à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Il voit l’imprévisibilité du futur président américain comme un facteur d’incertitude latent pour les marchés.
A noter enfin que la banque estime que l’inflation pourrait retourner en terrain positif en 2017, mais de manière timide tout au plus. Quant à la consommation privée, elle devrait rester à la traîne.