Comme le prévoyaient les marchés, les taux ont été relevés pour s’établir dans la fourchette de 1,25% à 1,50%, selon un communiqué publié à l’issue d’une réunion du Comité monétaire (FOMC). Il s’agit de la troisième hausse du coût du crédit de l’année.
« La croissance est un peu plus forte. Le taux de chômage un peu plus faible et l’inflation inchangée », a résumé la présidente de la Fed Janet Yellen lors d’une conférence de presse.
Elle a indiqué que ses confrères à la Fed avaient « dans l’ensemble » intégré les projets de réforme des impôts actuellement en discussion au Congrès comme « un facteur soutenant une croissance un peu plus forte ».
Le produit intérieur brut (PIB) américain devrait progresser de 2,5% en 2018 en glissement annuel, soit 0,4 point de plus que prévu en septembre, selon les nouvelles projections du FOMC. Et le taux de chômage devrait, lui, s’établir à 3,9% (contre 4,1% estimé précédemment).
La Fed a laissé inchangée sa prévision pour l’inflation en 2018 à 1,9%, toujours en deçà de l’objectif des 2% visés par l’institution.
Cette réforme propose d’importantes réductions d’impôts aux entreprises et va coûter entre 1.000 milliards et 1.500 milliards de dollars de recettes à l’Etat fédéral sur dix ans.
Alors que le président Trump assure que cette réforme des impôts peut doper la croissance au-dessus des 3% actuels, Mme Yellen a répondu que la Fed accueillerait cette performance « avec bienveillance » mais elle a ajouté que ce sera « un défi, d’atteindre un chiffre comme celui-là ».
« Le Comité continue de s’attendre à ce que, avec des ajustements progressifs dans sa politique monétaire, l’activité économique et les conditions du marché du travail restent solides », a commenté pour l’heure la Fed.
Elle a en outre souligné que les ouragans, qui ont dévasté en août et septembre le Texas, la Louisiane et la Floride, n’avaient pas altéré les perspectives économiques.
Cette décision de relever les taux n’a pas été prise à l’unanimité. Deux participants au Comité, Neel Kashkari de la Fed de Minneapolis et Charles Evans de celle de Chicago ont voté contre et auraient préféré laisser les taux inchangés.
– Trois hausses en 2018 –
« Les risques à court terme pour les perspectives économiques apparaissent globalement équilibrés mais le Comité surveille de près l’évolution de l’inflation », a une nouvelle fois insisté la banque des banques.
Mme Yellen a assuré que les niveaux records des marchés boursiers ne déclenchait pas pour le moment de signal d’alarme précurseur d’une crise financière. « Ces valorisations sont hautes mais cela ne signifie pas qu’elles soient surévaluées », a indiqué la patronne de la Fed.
De même, elle a jugé que le bitcoin, qui a connu une ascension vertigineuse posait des « risques limités » à la stabilité financière.
Interrogée sur ses éventuels regrets alors qu’elle va quitter la Banque centrale pour laisser la place à Jerome Powell, Mme Yellen a jugé qu’il était important que l’inflation parvienne à la cible de 2%.
« C’est une priorité importante que de voir l’inflation remonter » vers cette cible. Les prévisions de la Fed s’attendent à ce que ce but soit atteint en 2020.
Pour 2018, les prévisions médianes des participants au FOMC (« dot plot ») projettent toujours trois relèvements des taux d’intérêts, reflétant, malgré l’accélération de la croissance, des doutes sur la trajectoire de l’inflation.
La présidente Janet Yellen, 71 ans, qui quitte la Fed début février et qui a longtemps été professeur à Berkeley (Californie), a indiqué qu’elle comptait rester sur Washington où son mari, économiste lui aussi, a trouvé un poste à l’université de Georgetown.
Mme Yellen doit être remplacée par Jerome Powell, un républicain modéré choisi par le président américain Donald Trump, qui devrait être confirmé sans accroc à ce poste au Congrès.
En tant que première femme à avoir présidé la Banque centrale, Mme Yellen a souhaité que davantage de femmes embrassent une carrière d’économiste et que la Fed en embauche plus. « L’économie est un domaine fantastique », a-t-elle lancé.