29 - 10 - 2015

Etats-Unis: les taux maintenus à zéro mais une hausse en décembre reste sur la table. Source : boursorama.com

Le Comité monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu mercredi ses taux directeurs inchangés, proches de zéro, comme s’y attendaient les marchés, mais a laissé la porte ouverte à leur relèvement en décembre.

Notant que l’activité économique continuait de croître à un rythme modéré, la banque centrale a reconnu que le rythme de créations d’emplois avait ralenti. Mais la Fed a souligné la croissance « solide » des dépenses des consommateurs et des investissements des entreprises.

La Réserve fédérale a retiré de son communiqué la référence à l’impact du ralentissement mondial sur l’économie américaine, montrant qu’elle était moins inquiète qu’en septembre de l’affaiblissement de l’économie chinoise et des turbulences sur les marchés financiers qui se sont apaisées.

Si le communiqué n’est guère différent du précédent, il avertit clairement, au détour d’un seul mot -« prochaine réunion »- qu’un relèvement des taux n’est pas exclu dès la réunion de décembre, la dernière de l’année, comme l’ont souhaité à plusieurs reprises Janet Yellen, la présidente et Stanley Fischer, le vice-président.

« Afin de déterminer s’il sera approprié de relever le niveau du taux de l’argent lors de sa prochaine réunion, le Comité examinera les progrès à la fois réalisés et attendus vers ses objectifs de plein emploi et de 2% d’inflation », dit le communiqué évoquant la réunion des 15 et 16 décembre.

« La Fed a finalement mis de l’ordre dans sa communication et a remis sur la table la possibilité d’une hausse en décembre », a commenté Joel Naroff, économiste indépendant. Ce serait la première hausse en près de dix ans alors que les taux sont maintenus proches de zéro pour soutenir la reprise après la crise financière de fin 2008.

Les membres du Comité monétaire s’étaient montrés divisés ces dernières semaines sur la nécessité de relever les taux à court terme avant la fin de l’année vu la faiblesse de l’inflation et la morosité de l’économie mondiale.

Avant la réunion de mercredi, les acteurs sur les marchés financiers eux-mêmes n’estimaient qu’à une chance sur trois la possibilité d’une hausse des taux en décembre, selon l’Office of Financial Research (OFR), une agence du Trésor américain. Les probabilités évaluées à partir des produits dérivés sur les marchés misent davantage sur un relèvement des taux en 2016.

– Abondance de données d’ici décembre –

« Il ne fait pas de doute que le communiqué du FOMC est un défi clair à tous les participants sur les marchés qui au cours des semaines passées ont exclu un relèvement des taux avant la fin de l’année », a souligné Harm Bandholz, d’UniCredit.

Pour Joseph LaVorgna, économiste à Deutsche Bank, ce communiqué « faucon » vise « à forcer les acteurs sur les marchés à intégrer dans leurs prix la très réelle possibilité d’une hausse des taux en décembre si les données économiques et financières le permettent ».

D’ici cette dernière réunion de l’année, les responsables de la banque centrale auront de nombreuses données économiques sur lesquelles s’appuyer.

Jeudi, les chiffres du produit intérieur brut (PIB) du 3e trimestre devraient montrer un tassement de l’expansion, à 1,6% en rythme annualisé contre un bond de 3,9% du 2e trimestre à la suite du long hiver rigoureux du début de l’année.

Deux nouveaux rapports sur l’emploi seront également révélés ainsi que les chiffres des ventes au détail pour octobre et novembre, indicateurs cruciaux étant donné que les dépenses de consommation sont le moteur de l’économie américaine.

Les membres de la Fed restent confiants dans le fait que l’inflation, pour l’instant très basse, remonte « graduellement » vers l’objectif de 2% à moyen terme, jugé sain pour l’économie.

« La Fed est moins inquiète du fait que les risques financiers mondiaux puissent infiltrer l’économie américaine », soulignait Ian Shepherdson, l’économiste en chef pour Pantheon Macro Economics. « Une hausse des taux en décembre est désormais suspendue aux deux prochains rapports sur l’emploi », affirme cet expert.

Un membre du Comité monétaire, Jeffrey Lacker, de l’antenne de Richmond, a voté contre la décision mercredi. Comme en septembre, il est partisan d’une hausse des taux d’un quart de point de pourcentage dès maintenant.