14 - 01 - 2015

Euro : l’inexorable marche vers la parité avec le dollar. Source : lesechos.fr

Les stratèges prévoient cette parité pour dans deux ans, mais les marchés pourraient hâter ce mouvement historique.

1 pour 1. La parité magique entre les deux plus grandes devises de la ­planète, le dollar et l’euro, est déjà imprimée dans l’imaginaire des marchés. Ces deux monnaies à ­égalité parfaite, mais aux destins diamétralement opposés, se rejoindraient enfin après quatorze années. En effet, la monnaie unique a évolué sous la parité avec le dollar uniquement entre 2000 et fin novembre 2002. Depuis cette date, c’est l’euro fort qui a prédominé dans son bras de fer avec le billet vert. Une ère qui s’achève : la monnaie unique pourrait détrôner le yen dans le ­panthéon des devises faibles.

Crise existentielle de l’euro

A 1,1780 dollar, l’euro est repassé hier sous son cours d’introduction (1,1789 dollar le 4 janvier 1999), ce qui, comme dans les introductions en Bourse, n’augure pas un avenir très serein. D’ailleurs, une rareté, les stratèges et économistes sont unanimes sur la baisse de l’euro mais pas sur son rythme. Robin Brooks, responsable de la stratégie sur les changes chez Goldman Sachs, l’avait reconnu lors de la conférence organisée à Paris par l’établissement de Wall Street. « Notre banque a été pendant des années, et jusqu’au mois d’avril dernier, positive sur l’euro et négative sur le dollar. » Un virage à 180 degrés. La banque estime que la monnaie unique est entrée dans une longue phase de correction, qui devrait l’amener à 1,10 dollar en fin d’année et à la parité dans deux ans. C’est la crise de croissance dans la zone euro et la politique de soutien de la Banque centrale européenne (BCE) qui ramèneraient progressivement l’euro vers la parité avec le dollar à horizon de fin 2016. Une prévision partagée par d’autres, comme Deutsche Bank, ING, Citi… Morgan Stanley n’exclut pas que cette barre symbolique soit atteinte dès la fin de l’année, même si cela n’est pas son scénario central, qui voit l’euro à 1,12 dollar. « Le risque politique augmente, ce qui mine le statut de l’euro en tant que devise de réserve des banques centrales », soulignent les stratèges de la banque américaine.

Dollar tout-puissant

« Si la zone euro souhaite une baisse de 15 % de son taux de change par rapport à ses partenaires commerciaux, dont beaucoup ne toléreront pas une hausse de leur devise par rapport à l’euro, il faudra que la monnaie s’effondre de 33 % par rapport au billet vert », calcule David Bloom, responsable de la stratégie chez HSBC. C’est la raison pour laquelle la parité 1 pour 1 avec le dollar n’est plus taboue et même logique : c’est face au billet vert que l’essentiel de l’ajustement de l’euro va se produire, car certains pays, engagés plus ou moins fortement dans la « guerre des changes » (la course aux dévaluations compétitives), toléreront difficilement une trop forte baisse de la monnaie unique. La toute-puissance du billet vert, tel un rouleau compresseur, manifesterait la confiance retrouvée de l’économie américaine, une des premières à sortir de la crise de 2008.

Le dollar devrait gagner près de 20 % par rapport aux devises du G10 (euro, yen, livre sterling) d’ici à fin 2017 selon Goldman Sachs. Le ­dollar est coutumier de longues phases de hausse, comme au début des années 1980 (+ 90 %) ou à la fin des années 1990 (+ 50 %). Il avait perdu de 15 % à 20 % lors des deux ­premiers programmes d’assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale. La tolérance de la Fed à l’égard d’un dollar fort sera aussi un des grands enjeux de 2015 sur les marchés des changes.