Quelle bonne nouvelle avant les grands départs en vacances! Le franc suisse apparaît en effet comme la devise la plus forte du monde. Telle est la conclusion d’une recherche menée par Credit Suisse, London Business School et le Cambridge Judge Business School, sur les raisons du succès économique de la Suisse, en considérant les données relatives à la période 1900-2016.
La Suisse? Ce petit pays d’Europe occidentale, quasiment dépourvu de toute matière première, où habite 0,1% de la population mondiale, dont le territoire équivaut à moins de 0,01% de la superficie de la planète, tout en constituant le septième marché actions du monde et l’un des moins volatils. La monnaie de ce pays, précisément, s’est en moyenne renforcée de 0,71% par an par rapport au dollar.
Rappels utiles. En décembre 1971, le Conseil fédéral et la Banque nationale suisse fixent le cours médian du dollar à 3,84 francs. Il s’agit néanmoins de l’époque où le régime des taux de change fixes, instauré avec le système de Bretton Woods, est progressivement abandonné. L’essor des principales économies dans le monde imposait une adaptation d’accords économiques, signés le 22 juillet 1944 et ayant permis d’élaborer un nouveau système financier international. Le principal objectif de ces traités consistait à instituer une organisation monétaire mondiale et, à plus long terme, de reconstruire l’économie des pays les plus frappés par la guerre.
Au XXe siècle, la valeur du franc se distancie de celle des autres devises, les plus significatives sur le marché des changes, surtout entre 1920 et 1945. Mais les moyennes dissimulent des périodes cruciales: entre la fin des années soixante et le début des années septante le dollar se paye un peu plus de 4 francs, Puis un peu plus de 2 francs dans les années quatre-vingt. Et près de 1,80 au début du vingt-et-unième siècle. En ce moment le billet vert se paye à l’unité un peu plus de 96 centimes.
Cette évolution rappellent les angoisses actuelles du franc fort, alors que le cours d’une devise devrait refléter la vigueur ou la faiblesse d’une économie. Cette réalité ravive bien sûr le souvenir d’un affaiblissement brutal de l’euro le 15 janvier 2015, juste après l’abandon du cours plancher de l’euro par rapport au franc, à 1,20 franc.
Sur l’ensemble de la période sous revue, la puissance de l’économie helvétique est en grande partie corrélée à une relative stabilité des prix. De 1900 à 2016, les taux d’inflation annuels ont en moyenne atteint 2,2% en Suisse (soit quasiment le taux d’inflation idéal tant convoité par la Banque centrale européenne), contre près de 2,9% aux Etats-Unis. Seuls les Pays-Bas seraient parvenus à réaliser un score comparable au cours de la période sous revue. En passant du florin à l’euro à la fin du XXe siècle.