27 - 10 - 2015

La Banque nationale suisse en état d’alerte après la BCE. Source : lesechos.fr

La Banque nationale suisse pourrait réagir à un nouveau plan de soutien de la Banque centrale européenne. En cas d’inaction, le franc suisse risquerait de remonter fortement.

La nouvelle phase de la politique de soutien de la Banque centrale européenne (BCE) incite ses homologues – comme la Banque nationale suisse (BNS) – à suivre son exemple sous peine d’effets secondaires néfastes (hausse de leur devise par rapport à l’euro…). «  La politique monétaire de la BNS est déjà très accommodante. Les taux courts sont en territoire négatif tout comme les trois quarts du marché obligataire (jusqu’à l’échéance à 12 ans) », soulignent les stratèges de Nomura. Selon toute vraisemblance, la BNS va patienter jusqu’en décembre, sa dernière réunion de l’année se tenant une semaine après celle de la BCE. Si celle-ci annonce des mesures concrètes sur le renforcement de son plan de soutien à la zone euro , synonyme de chute de l’euro, la BNS devrait réagir. «  Les taux négatifs prélevés sur les dépôts bancaires auprès de la BNS bénéficient aujourd’hui d’exemptions et n’affectent que 30 % du total de ces dépôts. C’est un moyen de ne pas trop pénaliser la place financière suisse et ses acteurs, mais le coût pour le système bancaire de ces taux négatifs n’est que de 1 milliard de dollars par an et donc “gérable” », constate Oliver Harvey, stratège à la Deutsche Bank. L’extension des taux d’intérêt négatifs permettrait d’affaiblir le franc suisse de manière plus durable que de simples interventions sur le marché des changes. Pour la Banque centrale suisse, sa monnaie est encore surévaluée, et elle l’a fait savoir en intervenant ponctuellement sur le marché pour vendre des francs depuis la fin du cours plancher de 1,20 franc suisse par euro en janvier. La BNS a notamment agi quand l’euro avait glissé sous la barre de 1,05 franc suisse, pour un niveau de 1,08 lundi.

Retour dans la « guerre des changes »

Le Fonds monétaire international recommande que le pays s’engage dans une forme d’assouplissement quantitatif ou QE : la BNS annoncerait à l’avance un montant d’achats d’actifs étrangers (obligations…) par mois. Ces achats feraient baisser le franc suisse, soutiendraient les exportations et augmenteraient l’inflation. Ces montants étant fixés à l’avance, la BNS jugulerait l’expansion de son bilan. La taille trop importante de ce dernier était un des motifs de l’abandon du cours plancher de 1,20 franc suisse par euro. Ce nouveau mécanisme constituerait un retour forcé et défensif dans la « guerre des changes » en réaction à l’affaiblissement de l’euro. Il se différencierait d’un QE traditionnel en ce qu’il ne cible pas les actifs du pays : le potentiel de baisse des taux d’intérêt suisses est jugé trop faible pour justifier une action spécifique.