C’était l’ultime étape pour mettre sur pied une banque publique de refinancement export à la française, comme l’avait annoncé François Hollande en février dernier. Mardi, la Société de financement local (SFIL), créée pour gérer la majorité du stock d’emprunts toxiques de la banque franco-belge Dexia, a reçu le feu vert de la Commission européenne pour étendre son activité au refinancement de crédits souscrits par les acheteurs de grands projets d’entreprises françaises. Avions Rafale et autres centrales nucléaires vendus à l’étranger pourraient donc bénéficier du dispositif.
Concrètement, la SFIL mise sur l’expertise de Coface pour être rapidement opérationnelle. La banque de développement est en effet en négociation avec l’assureur crédit pour nouer un partenariat afin que ce dernier lui fournisse les données nécessaires pour formaliser son analyse des contreparties internationales et des pays dans lesquels elle envisage d’intervenir. In fine, ce sera donc aux équipes de la SFIL d’évaluer le risque lié au refinancement d’une contrepartie et non aux seules banques commerciales qui financent le projet d’investissement, comme envisagé au départ.
Pour la Société de financement local, cette nouvelle mission, à l’étude depuis novembre 2014, pourrait se concrétiser dans les prochains mois : en négociations pour nouer des conventions de partenariats avec 10 banques françaises et internationales la SFIL envisage de conclure sa première opération de refinancement avant fin juillet. En 2015, elle vise un total de 1 milliard d’euros d’engagements. Et si le succès est au rendez-vous, le dispositif pourrait refinancer un total de 2 milliards d’euros de crédits souscrits par des entreprises étrangères en 2017.
Pour la banque de développement, « cette nouvelle activité doit permettre de renforcer sa rentabilité », comme l’indique Philippe Mills, PDG de la Société de financement local aux « Echos ». Elle devrait en effet lui apporter un complément de résultat net de l’ordre de 10 à 20 millions d’euros en 2017, de quoi venir compenser le coût de la désensibilisation des portefeuilles de crédit hérités de Dexia et conforter ses revenus issus de son partenariat avec La Banque Postale. En 2014, plombée par sa contribution au fonds de soutien destiné aux hôpitaux victimes d’emprunts toxiques et par l’abandon de créances sur quelques collectivités locales, la Sfil a enregistré une perte nette de 34 millions d’euros. En 2013, lors de son premier exercice, elle affichait 69 millions d’euros de pertes.