Le président de la direction générale de la Banque nationale suisse (BNS), Thomas Jordan, ne regrette en rien l’abandon du cours plancher de l’euro par rapport au franc. Il est venu mardi matin à la rencontre de la presse romande pour le confirmer au Club de la Presse, à Genève. A ses yeux les évolutions des cours de devises, observées actuellement, attestent la pertinence de cette mesure, des interventions sur le marché des changes et de l’instauration de taux d’intérêt négatifs (moins 0,25% en décembre 2014, puis le triple un mois plus tard) sur les comptes de virement des banques, hébergés dans les coffres de la BNS elle-même. Le Biennois constate en outre que le franc reste « nettement surévalué par rapport à l’euro » .
Plus concrètement. « Depuis le 15 janvier 2015 la surévaluation de la devise helvétique s’est certes atténuée par rapport à la monnaie unique. Elle se situe néanmoins entre 7% et 8% en ce moment au regard de l’indice pondéré des exportations », indique Thomas Jordan. Le pdg de l’institut d’émission se permet néanmoins quelques bribes d’optimisme : « Après plus de quatre années consécutives d’inflation négative en Suisse (moins 1,14% au cours de l’exercice écoulé, ndlr), je m’attends à un taux supérieur à 0% dès l’an prochain. L’objectif étant d’atteindre un rythme de hausse des prix oscillant entre 1% et 2% par an. »
Un tel dessein se heurte toutefois à un obstacle majeur. L’économie mondiale risque fort de rester atone du fait du ralentissement de celle de la Chine. Face aux incertitudes nombre d’investisseurs, notamment institutionnels, préféreront dès lors garder le franc suisse comme valeur refuge. Quel que soit le prix à payer en taux d’intérêt négatif. Le franc fort maintiendra du coup des prix déclinant plus ou moins sévèrement.
Face à ces perspectives Thomas Jordan s’empresse de rappeler une réalité rassurante : après un an sans cours plancher les exportations sont nettement supérieures à leur niveau de septembre 2011. En volume et en valeur. Le boss de la BNS ne dément pas pour autant la nécessité et la difficulté pour chaque entreprise suisse de consentir des efforts sur leurs marges bénéficiaires. Sans douter de leur capacités : « Nous prévoyons une croissance de 1,5% du PIB (produit intérieur brut) cette année. » Thomas Jordan se félicite en outre d’un taux de chômage maintenu en Suisse en dessous de 3,5% au cours de l’exercice écoulé : « Mais il passera probablement à 3,6% cette année. »