17 - 04 - 2015

Les taux allemand et français toujours plus bas. Source : boursorama.fr

Les taux allemand français bas

Grâce aux achats de la BCE, les taux à 10 ans des deux pays se rapprochent de 0 %

Ce n’est sans doute plus qu’une question de jours avant que le taux allemand à 10 ans ne glisse sous le seuil symbolique de 0 %. Jeudi, il s’est détendu à 0,08 %, un plus bas de son histoire. Il y a déjà quelque temps que l’Allemagne emprunte moins cher que le Japon, dont le taux était jusqu’alors une sorte d’indicateur de la déflation. La France, dont le rendement à 10 ans a aussi touché un plus bas jeudi, à 0,33 %, va sans doute bientôt passer sous le taux japonais. L’Hexagone vient d’ailleurs de faire son premier emprunt à 5 ans à taux négatif.

Les achats de dette publique opérés par la Banque centrale européenne (BCE) le 9 mars dernier dans le but de lutter contre la menace déflationniste font chuter les coûts d’emprunt des Etats de la zone euro. L’institut d’émission monétaire achète des titres allemands et français en grande quantité, à hauteur de la part que détiennent les deux pays dans son capital. Et, contrairement à ce que pensaient beaucoup d’analystes qui s’appuyaient sur l’expérience menée par la Réserve fédérale américaine pendant la crise financière, l’effet du programme ne se limite pas à sa seule annonce. La baisse devrait même se poursuivre après les déclarations de Mario Draghi, le patron de la BCE, qui a affirmé mercredi que le dispositif irait bien à son terme. Le président de la Banque centrale a jugé très prématuré les spéculations sur l’arrêt du programme d’achats.

Crainte d’un phénomène de bulle

Cette baisse des rendements obligataires – qui est synonyme d’une hausse des prix de ces titres dans les marchés – fait de plus en plus craindre un phénomène de bulle, c’est-à-dire de surévaluation. Les prix des emprunts d’Etat de la zone euro évoluaient autour de 120 % du nominal au début des interventions de la BCE, ce qui est un niveau déjà très élevé. Le rapport entre l’offre de titres et la demande (l’institut d’émission assèche une partie du stock) peut les pousser plus haut.

La BCE devrait-elle élargir la palette de ses achats ? C’est ce que prônent plusieurs spécialistes. Certains, comme le ministre des Finances grec ou le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, estiment qu’elle devrait acheter massivement des obligations émises par la Banque européenne d’investissement (BEI) pour que celle-ci ait les coudées franches pour soutenir des projets dans la zone euro. Jeudi, le gouverneur de la banque centrale d’Estonie, a lui évoqué des achats de dette émise par des entreprises publiques.