17 - 11 - 2015

L’euro prêt à rejoindre la parité avec le dollar. Source : lesechos.fr

La parité entre l’euro et le dollar est probable si la divergence des politiques monétaires des deux côtés de l’Atlantique s’accentue.

A 1,0650 dollar, l’euro s’est encore approché de la barre psychologique de 1,05 dollar, dernière étape avant la parité. La monnaie unique a réagi à l ’interview donnée à l’agence Bloomberg par Peter Praet , membre du directoire et chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE). Il a déclaré que « notre expérience avec un taux de dépôt négatif s’est avérée plus favorable que nous l’avions initialement prévue », suggérant de nouvelles baisses des taux à l’avenir, notamment en décembre. Les expressions et mots employés dans cet entretien (« incertitude élevée », « faible », « fragile », « risque », « dangereux », « négatif », « mou »…) suggère que la BCE est prête à agir (nouvelle phase d’assouplissement quantitative). De quoi faire reculer l’euro .

Atteindre la parité nécessitera un euro faible et un dollar fort

Son taux de change effectif est en recul de 8 % sur un an et de 7,3 % depuis le début de l’année. Par rapport au billet vert, l’euro a chuté de 1,40 à 1,05 dollar entre mai 2014 et mars 2015. Il a depuis évolué dans la zone de 1,05-1,15 dollar, avant de connaître une nouvelle phase de repli depuis la mi-octobre, avec deux fois plus des séances de baisse que de hausse. Atteindre la parité nécessitera un euro faible et un dollar fort. Or ce dernier a tendance à s’affaiblir dans les semaines suivant la première hausse des taux d’intérêt par la Réserve Fédérale. Il a perdu en moyenne 3,4 % dans les trois mois suivant le premier durcissement monétaire des trois précédents cycles de hausse des taux débutés en 1994, 1999 et 2004. Il chute de 5,6 % six mois après. La raison ? « Les marchés voient ce premier resserrement monétaire comme le signe avant-coureur de la fin d’un cycle porteur pour l’activité et la croissance, et d’ailleurs Wall Street a reculé dans le sillage de 3 des 4 dernières hausses des taux de la Fed », explique Steven Englander, responsable de la stratégie sur les grandes devises chez Citi.

Un cycle de relèvement des taux accommodant ?

Aujourd’hui, la Fed s’emploie justement à convaincre que sa première hausse des taux ne sera pas conforme aux précédents cycles et donc qu’elle ne sera pas si néfaste pour l’économie américaine. Le premier relèvement des taux ne sera pas suivi mécaniquement par une série de mouvements d’une ampleur similaire et espacés de quelques semaines. La Fed veut réussir la gageure de parvenir à « un cycle de relèvement des taux accommodant », qui ne menace pas la croissance, souligne Steven Englander. Dans cette hypothèse, le dollar pourrait continuer à progresser après la hausse des taux de la Fed permettant à la paire entre l’euro et le dollar de glisser vers la parité. C’est toutefois de la BCE et sa politique monétaire accommodante que viendra l’impulsion qui amènera la monnaie unique vers ce chiffre à haute portée psychologique et symbolique. «  La BCE pourrait baisser de 10 points de base son taux sur les dépôts, de – 0,20 % à – 0,30 % lors de sa réunion de décembre et agir encore de la sorte avant l’été 2016. L’euro devrait chuter sous 1,05 dollar avant la fin de l’année, mais il n’atteindrait la parité que l’année prochaine », estime Jens Nordvig, responsable de la recherche sur les devises chez Nomura.