06 - 03 - 2014

Statu quo de la BCE malgré la faiblesse de l’inflation Source : boursorama.fr

La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu ses taux directeurs inchangés jeudi et n’a pas annoncé d’autres mesures pour conforter une reprise fragile au sein de la zone euro tout en prévoyant une inflation durablement basse pour les années à venir.

La décision de laisser le taux de refinancement à 0,25%, le taux de dépôt à 0,0% et le taux de prêt marginal à 0,75% était dans l’ensemble attendue, encore que quelques économistes anticipaient une baisse des taux.
Les services de la BCE prévoient à présent que l’inflation dans la zone euro sera de 1,0% cette année, de 1,3% en 2015 et de 1,5% en 2016, un niveau encore nettement inférieur à son objectif d’une hausse des prix inférieure mais proche de 2,0% l’an.
Les dernières informations économiques disponibles suggèrent que la reprise économique est en cours et n’a pas besoin d’un coup de pouce supplémentaire dans l’immédiat, a déclaré le président de la BCE Mario Draghi lors de la traditionnelle conférence de presse qui suit la réunion mensuelle de politique monétaire. « Nous avons vu notre scénario de base confirmé de manière générale », a-t-il dit.
« Les nouvelles qui nous sont parvenues depuis la dernière réunion de politique monétaire sont, je dirais, dans l’ensemble du côté positif. »

L’inflation au sein de la zone euro, qui s’est stabilisée à 0,8% en rythme annuel au mois de février, est bloquée depuis cinq mois sous le seuil de 1,0%, une situation que Mario Draghi a qualifié de « zone de danger ».
Les nouvelles prévisions de la BCE anticipent une croissance de 1,8% de l’économie de la zone euro après 1,5% en 2015 et 1,2% cette année, des chiffres en légère hausse par rapport aux prévisions de décembre mais bien en-deçà de la croissance tendancielle.
« L’inflation harmonisée devrait rester autour des niveaux actuels dans les mois à venir », a dit Draghi. « Ensuite, les taux d’inflation devraient augmenter graduellement et atteindre des niveaux plus proches de 2,0% ».
Mario Draghi a une nouvelle fois rejeté la comparaison entre la situation de la zone euro et celle du Japon pendant les années 1990 et 2000 où la baisse des prix entraînait un report des dépenses de consommation des ménages et d’investissement des entreprises se traduisant par une stagnation de l’économie.

PAS D’INITIATIVE SUR LA LIQUIDITÉ

L’absence d’initiative de la part de la BCE est d’autant plus significative que Mario Draghi avait laissé entendre qu’elle disposerait en mars de suffisamment d’informations pour juger de l’opportunité de nouvelles mesures de stimulation.
Des responsables du Fonds monétaire international avaient appelé mercredi la BCE à réduire ses taux d’intérêt ou à envisager une nouvelle injection de liquidités dans le système bancaire.
Tout comme la Banque du Japon, dont le comité de politique monétaire se réunit la semaine prochaine, la BCE ne dispose plus que de marges de manoeuvre très limitées sur le front des taux d’intérêt, un nouvel assouplissement de sa politique monétaire relevant donc de mesures alternatives.
Une source interne à la BCE avait laissé entendre qu’elle privilégierait la suspension des opérations de neutralisation de ses opérations d’achats d’obligations d’Etat sur le marché secondaire effectuées au plus fort de la crise des dettes souveraines dans le cadre du Programme pour les marchés de titres (SMP).
Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, avait déclaré le mois dernier que cette option faisait presque l’unanimité au sein de l’instance décisionnelle en matière de politique monétaire.
Elle se traduirait par l’injection d’environ 175 milliards d’euros de liquidités, soit près du double du montant des liquidités excédentaires, c’est-à-dire des liquidités excédant les besoins de refinancement au jour le jour du système bancaire de la zone euro.
Interrogé sur cet instrument, Mario Draghi a dit qu’il avait été débattu par le conseil des gouverneurs mais que les conditions du marché monétaire ne justifiaient pas d’y avoir recours.
« La suspension de la neutralisation (…) est l’un des instruments qui figurent sur notre liste mais nous n’avons observé aucune évolution des marchés monétaires qui conduirait à un resserrement indésirable des conditions monétaires justifiant l’utilisation de cet instrument », a-t-il dit.
« Les avantages d’une telle stérilisation sont relativement limités en raison de la courte maturité des obligations figurant actuellement dans le portefeuille SMP. L’injection de liquidités (liée à une suspension) ne durerait vraiment que relativement peu de temps, certainement moins d’un an », a-t-il ajouté.